mardi, mai 23, 2006

vouloir définir


Je vous avais prévenus que les mises à jour seraient irrégulières. Réjouissez-vous des moments où j'entretiens mal ce site, ça veut dire que je travaille sur des choses plus constructives. Là, je devrais répondre à mon glissement de terrain de courriels, mais il y en a juste beeeeen qu'trop (c'est complètement débile, je me sens de plus en plus proche de Gaston, avec ses montagnes de courrier en retard), c'est vertigineux, et je me sens trop vedge. Alors nourissons ce blog.

Merci à celles et ceux qui sont venus au lancement montréalais de Plan cartésien. C'était une journée formidaaaaaaable. Tant pis pour ceux que la pluie a fait fuir. Salgood Sam a fait un croquignolet reportage-photo ici : http://www.flickr.com/photos/salgood/sets/72057594141417277/show/

Le chouette site Bédéka propose une entrevue avec moi, aujourd'hui :
http://www.bedeka.org/jimmy-beaulieu-mecanique-generale.htm

Sur un autre site, www.bdquebec.qc.ca, j'écris une prolongation de ma proposition de définition de la bande dessinée (drôle de phrase). C'est un exervcice un peu vain que de vouloir définir ce médium, comme toute forme de catégorisation, d'ailleurs, mais on parle pour parler...
Puisque ce placotage colle un peu à la vocation de ce blog, je vous remets le texte (adapté) ici. J'y répète selon moi, à mon humble avis et je pense que au moins 10 fois par phrase pour éviter que le monde ne parte sur des maudites balounes comme ça arrive souvent sur internet, ce qui peut s'avérer fatiquant en titi. Hébin voilà :

J'ai déjà écrit, dans Projet domicilaire, un texte qui décrivait ma définition personnelle de la bande dessinée. Vu qu'elle est simple et ridiculement inclusive, je la répète ici :

De l'image fixe en séquence.

Oui, ça inclut certaines publicités, les peintures rupestres, des livres pour enfants, et La cage. Cette définition suscite souvent des désaccords passionnés, mais on ne m'explique jamais pourquoi, ou alors on me donne des arguments que je ne trouve tout simplement pas valables.

Dans cette scène de Projet domiciliaire, je dis que je virerais la notion narrative de la définition. Ce qui, je pense, est assez nécessaire. Si on se dit qu'on doit absolument "raconter", dans le sens classique du terme, on se confine à tourner un peu en rond, je trouve. Même si je suis personnellement attaché au récit de structure classique, je n'excluerais pas le "non-sequitur" dont parle Scott McCloud. Et même si les hiéroglyphes et les peintures séquentielles préhistoriques ne racontent finalement pas une "histoire" (on n'en a pas la certitude), il est assez safe de penser que le SENS jaillit de l'inter-relation entre les images.

Je disais aussi que pour moi, certains livres pour enfants, si on pense notamment à ceux de Grégoire Solotareff ou Elzbieta, où les textes et les images sont en relation de complémentarité, méritent tout autant --sinon plus-- l'appellation bande dessinée que les livres de Jacobs et de Loustal/Paringuaux (que j'aime bien, n'interprtez pas n'importe comment), qui fonctionnent sur un système de redondance texte-image.
Selon moi, la bande dessinée utilise bien son potentiel lorsque le dessin n'a pas comme simple fonction d'illustrer ou d'enjoliver le propos, lorsque le SENS de celui-ci est créé par l'effet de ping-pong. Ping pong d'une image à l'autre, ping-pong du texte à l'image, et vices versas. L'essence de la bande dessinée réside dans cet art invisible que décrit Scott McCloud, dans les raccords poétiques qu'on fait dans l'espace-gouttière. C'est cette case où l'on voit Haddock qui se pète la gueule dans "Vol 714 pour Sydney" alors que Hergé n'a dessiné que l'avant et l'après (observé par Benoît Peeters dans Case, planche et récit). Je ne dis pas que les livres de Jacobs et Loustal ne sont PAS de la bande dessinée, je dis juste qu'ils n'utilisent peut-être pas ce qu'elle a de plus fort à offrir (toujours à mon très humble avis, là, pas de panique), alors que certains auteurs d'albums pour enfants le font admirablement. Moi, je veux bien de Solotareff, Elzbieta et Nadja dans ma gang ! Frédéric Pajak, Jean Teulé, Lino et Martin Vaughn-James aussi.

Certes, c'est une définition d'auteur/éditeur qui se lasse vite de la routine, et qui est particulièrement stimulé par la recherche et les idées novatrices, et il est totalement naturel que les historiens et certains critiques et théoriciens ne la partagent pas. Mais je suis content de lire des textes comme celui de Yves Lacroix : "Pour une définition minimale du medium" (Regards sur la bande dessinée, Les 400 coups), qui vont dans le même sens que ce que je propose. Oui, en effet, quand il s'agit de remettre des prix, ou de comptabiliser les parutions, de tenir une chronique hebdomadaire, de classer les livres dans une librairie, cette définition est absurde, mais disons que ce n'est pas de mes affaires. Je travaille en amont du livre et je ne peux qu'avoir une définition ouverte, ceux qui travaillent en aval peuvent avoir une autre définition si ça peut les aider à ne pas virer fous dans tout ce bordel.

À bientôt !

J