jeudi, mai 04, 2006

sur PLAN CARTÉSIEN



Voilà un projet qui aura certainement réduit mon espérance de vie de deux ou trois belles années. Si les catholiques ont raison et qu'il faut souffrir pour aller au ciel, ce livre me vaudra certainement une passe V.I.P. au jardin des délices éternels. L'aboutissement de cette saga survient au point culminant d'une longue période de stress et d'angoisse (en l'occurence : l'année 2005, sur laquelle je reviendrai). J'ai développé de nouvelles manières de manifester mon stress, notamment en serrant incontrôlablement les dents, à un tel point qu'en dormant, il y a quelques mois, je me suis fait sauter un bout de palette. Oui, ça fait mal. Mais je suis certain que ce symptôme n'est rien à comparé des conséquences à long terme de ce stress excessif tapies dans mon système.

L'obligation de refuser des histoires a été assez problématique pour moi. Je suis très mauvais pour faire ça et ça m'a torturé pendant les trois ans qu'ont duré la réalisation de ce projet (éléphant blanc à ses heures). Je ne publierai jamais un livre que je n'assume pas à 95% (le 100% n'étant pas de ce monde), mais ce collectif se voulait plus ouvert et varié que les livres MG (plus "purs"). La clause stylistique était plus difficile à argumenter, même si c'est qui nous a fait trancher au final. Le livre devait être protéiforme MAIS cohérent.

Je trouve qu'au final, le livre a vraiment de l'allure (malgré quelques défauts de conception inévitables qui ont failli m'assassiner par découragement au sortir de l'imprimerie). Il y a quelques histoires qui ne font peut-être pas partie du discours que le livre devait avoir dans mes rêves les plus fous, mais je considère que cette expérience sera formatrice pour les auteurs de celles-çi. C'est d'ailleurs un des buts les plus intéressants des projets collectifs. Avoir publié dans ce type de livre m'a énormément apporté, sur le plan formel. On comprend mieux ce qui fonctionne ou pas dans ce qu'on fait lorsqu'on voit notre histoire courte imprimée dans un livre et juxtaposée au travail d'autres.

Nous voulions à la fois donner une première expérience à des débutants, proposer un showcase des auteurs les plus actifs de l'heure, montrer que quelques vétérans étaient en pleine forme, et offrir à
des auteurs qu'on connaît pour leurs travaux plus... mettons commerciaux une occasion de faire quelque chose de plus personnel.

Ceci dit, il ne faut pas trop en faire, des collectifs, parce que ça lasse les lecteurs (le libraire en moi ne le sait que TROP BIEN), et ça finit par n'intéresser que les auteurs participants si ce n'est pas extrêmement bien fait et abordable. D'ailleurs, j'étais bien conscient des écueils de l'exercice dès la première publication de l'écurie mécanique générale : "Avons-nous les bons pneus ?", sous-titré : "le dernier collectif (promis)". Je suis content d'avoir brisé ma promesse pour l'occasion. "Plan cartésien" est un livre qui a du corps, qu'il fait bon feuilletter et refeuilletter. On a toujours des surprises, des choses sur lesquelles on est passé un peu vite à la première lecture, etc. Le choix d'un papier mince, un peu cheap, s'est avéré judicieux. Dès le départ, je voulais que ce livre soit généreux, multiple, et qu'il ait un "prix découverte" (30$ pour un livre de 416 pages, c'est pas pire pantoute). Et le côté "portrait subjectif de la scène" sur lequel je souhaitais insister fonctionne assez bien, malgré quelques absences cruelles dûes, en partie, à l'impossibilité de faire un livre de 800 pages et au caractère bénévole de la participation des auteurs.

Le lancement à Québec à la fin avril avait quelque chose de féérique. Ça a vraiment été une belle soirée. Belle ambiance, bon monde. Oui, je pense que ce livre réunit une BELLE gang. C'était chouette de voir ensemble
du monde comme Paul Bordeleau, Christian Daigle, Éléonore Goldberg, Daniel Plaisance, Siris, Djief, Leif Tande, jonas pékan, Christian Quesnel, PhlppGrrd, Boo, Jean-Louis Tripp, Line Gamache, Pishier, et donc ben d'autres ! Merci d'être venus ! ... Au stand MG/400 coups du festival de la bande dessinée de Québec (où on a vendu une BARGE de livres !!!), c'était aussi spécialement chouette. On dédicaçait, trois ou quatre auteurs en permanence, tout en faisant connaissance. La présence de Todd, du groupe "Les batinsse" (qui faisait office d'émérite tenancier de stand) a largement contribué à l'ambiance magique qui régnait en ce kiosque. C'est une authentique "people's person", qui nous dégênait tous d'emblée. Todd, il va falloir qu'on aille vendre de la bière (ou des t-shirts, je préfèrerais) à tes shows, comme le suggérait Leif Tande, pour te remercier !

On peut dire "mission accomplie" et espérer que ce livre donnera le goût à des millions de lecteurs de devenir des fans inconditionnels de pascal girard, Iris, Petr, David Turgeon, Catherine Genest, Evlyn M., etc. etc. etc.


Bon, maintenant, va falloir que je réaprenne à dessiner, moi...

Petite annonce : un "get together" est prévu pour le lancement montréalais de l'opuscule le samedi 20 mai dès 13h chez Fichtre ! ( www.fichtre.qc.ca ), signatures avec plein d'auteurs, puis déménagement vers un tripot (à déterminer) à 18h pour un petit boire. Espérons qu'il fera beau soleil.

J