mardi, mai 09, 2006

POP !


Je ne viens pas vraiment de la culture populaire. J'veux dire... quand j'avais 13 ans, en '88, je trouvais que Einstuerzende Neubaten, c'était commercial. Quand Nine inch nails est apparu, je trouvais que ça sonnait exactement comme les New kids on the blocks (je le pense encore). J'écoutais du Merzbow, du Missing Foundation, du Dissecting table... L'émission "Désordre" (CKRL, Québec) était ma référence ultime. J'achetais mes disques au "Bunker". À l'âge où normalement, on doit écouter du punk, du metal ou du gangsta rap, il n'y avait que du bruit chaotique qui avait la moindre signification à mes yeux (ou plutôt à mes oreilles), qui faisait écho à ce que je vivais. La musique des Sex Pistols ressemblait encore trop à celle des Platinum Blonde, Poison et Def Leppard qui polluaient les ondes fm dans le temps. Ça a fait son temps. À quinze ans, je suis tombé amoureux, et j'ai alors ré-appris à aimer les mélodies et la structure de la musique pop. Il m'a fallu vaincre ma honte au départ, mais j'y suis arrivé au point de devenir un fan quasi-inconditionnel de Burt Bacharach. Et mon amour viscéral pour la culture populaire n'a cessé de grandir depuis (avec discernement, quand même, là). Je dis ça pour faire suite à mon texte précédent. Le pop est quelque chose que je respecte profondément, mais que j'essaie encore de comprendre.

Ces temps-çi, je reprends des forces après le rush de novembre 2005-avril 2006 qui a failli me tuer, et je fais des allergies, alors je suis pas très vaillant. En plus de perdre mon temps sur ce blog, je regarde beaucoup de séries télé en DVD. J'adore ce principe de feuilleton, avec ses personnages qu'on aime retrouver sur une longue période de temps. On peut vraiment faire des choses formidables avec ce format. C'est impitoyable. Si on l'utilise bien, on peut aller TRÈS loin. Je pense qu'on peut s'en inspirer pour la bande dessinée.

J'en parle depuis un moment (ça remonte d'ailleurs aux touts débuts de MG), mais j'ai envie de défendre une bande dessinée populaire qui ne soit pas putassière pour autant. Populaire dans le sens d'accessible, voire accueillante, ou même, mot que j'honnis habituellement : divertissante (je déteste ce mot parce que la vie est trop courte pour passer son temps dans des diversions). Mais comme c'est pas vraiment ma tasse de thé, a priori, ça me demande un effort d'analyse. J'ai des fantasmes de collection pop pour laquelle j'ai déjà un nom, et des projets que je lorgne de près. Des petits 6x9 souples en noir et blanc qui proposent des récits policiers, de la science-fiction ou même des histoires de super-héros (mais pas trop d'épées et de dragons... aversion personnelle). Une collection qui découle de la bande dessinée tant québécoise, européenne, japonaise qu'américaine, et je pense qu'au Québec on est bien placés pour ce genre de projet. Toutes ces influences sont souvent intégrées à différentes doses par nos auteurs. Une collection moderne de fiction de genre, au sein de laquelle des auteurs comme Johane Matte, Dub, Jeik Dion ou Boo pourraient s'épanouir. J'aimerais faire rimer genre avec élégance et intellignece, plutôt quavec vulgaire et racoleur.

Le problême avec la bande dessinée de genre, au Québec, c'est que ceux qui la font bien peuvent facilement exporter leur travail et faire plus de sous que ce que les éditeurs québécois peuvent payer (à l'heure actuelle). Ah, c'est une peu dommage. Le bon côté, c'est que ceux qui restent ici sont ceux qui n'auraient pas grand chose à gagner en publiant à l'étranger, soit les auteurs aux univers plus intimistes. Mine de rien, ça créé une certaine cohérence dans la production québécoise. Un ton. Mais je maintiens qu'une bande dessinée de genre peut être développée ici. Et le format 6x9, noir et blanc, permet d'avoir l'impression de travailler plus vite. C'est important de pouvoir raconter rapidement en ayant, par exemple, un dessin détaché de la tradition d'artisanat-pour-faire-joli de la bande dessinée. Surtout dans le contexte d'une telle collection, qui ne pourrait pas payer ses auteurs pendant qu'ils réalisent leurs planches, comme c'est présentement le cas au Québec. Ça permettrait d'en raconter chaque fois plus que ce que permet un pauv'46 pages européen, ou encore pire, le 22 pages américain, qui offre à peine le temps d'une saucette, pas le temps de faire connaissance avec les personnages ou d'entrer dans l'univers. Ça permettrait d'atteindre, peut-être, le pouvoir suprème du feuilleton tel qu'on l'a connu il y a cent ans avec la littérature, et qu'on connaît actuellement avec les séries télé sur DVD. J'imagine très bien des auteurs comme Thierry Labrosse, François Lapierre ou Delaf alterner un livre long à faire et payant pour l'Europe, et un plus rapidement fait (ça n'empêche pas l'exigeance et la qualité), 6x9, n+b, pagination généreuse, sans compromis et moins payant (au début, du moins) pour un éditeur québécois. Ça permettrait non seulement de consolider nos acquis, mais aussi de développer ce qui pourrait devenir une perspective d'avenir intéressante pour, par exemple, les finissants du Baccalauréat en bande dessinée de l'université du Québec en Outaouias.

Bon, allez, je rêve, je rêve...

J