mardi, septembre 12, 2006

l'oasis


Je donne présentement la dernière touche à la méga-réédition de Quelques pelures que j'essaie de sortir cet automne. Les pelures originales totalisaient 32 pages, cette réédition en compte 128 (!!!), dont 60 toutes fraîches, réalisées en deux semaines et des poussières, qui forment une histoire en trois chapitres et demi qui raconte le contexte de réalisation de ce premier livre. J'ai aussi incorporé des pages qui étaient un peu éparpillées dans des collectifs (sonvent tristement reproduites), qui datent de (ou qui se passent à) la même époque (1998-2000) et qui enrichissant certaines réflexions du livre initial. J'ai renipé les vieilles pages, fait un peu de remontage, beaucoup de nettoyage. Aussi, le format est plus grand, et je pense les histoires seront mieux mises en valeur. Dans la vieille édition, certaines étaient à peine lisibles parce que trop réduites. La cohérence graphique est particulièrement jazz, évidemment, mais je pense que la séquence et la trajectoire fonctionnent quand même assez bien. L'évolution du style fait même partie du propos. C'est donc un projet parfaitement onaniste, ce qui est tout naturel puisqu'il s'agit de bande dessinée autobiographique (qui est tout de même nettement moins onaniste que les pompeuses sagas de science fiction ou les quadruples pirouettes arrières formelles des Oubapiens --contre qui je n’ai rien, j'adore la science ficftion comme l'Oubapo, et je n’ai rien contre l’onanisme, j’insiste--). Ceux qui s'attendent à ce que je me réinvente seront déçus, c'est bien du Jimmy Beaulieu, avec de la ville, des filles, du désarroi, de la musique, de l'errance, des filles, des filles, de l'apitoiement, du romantisme ridicule, des filles, du Québec, du narcissisme, des filles, un char en état avancé de décomposition et des plans de foule avec cinq cent mille figurants (ça paraît pas comme ça, mais j'suis très content de ces nouvelles pages).

J'ai commencé ces travaux le 21 août, et ça achève. Pas besoin de vous dire que j'ai été semi-autiste pendant cette période. Le body-count : quelques pintes de lait (dont une au chocolat), un pot neuf de fromage à la crème et un demi-gâteau McCain oubliés sur la table, un ticket de stationnement parce que j'ai oublié mon char du mauvais côté de la rue un vendredi, une tonne d'accidents d'auto évités de peu (des fois, en roulant, je fixais la lumière rouge, en essayant de me souvenir s'il fallait arrêter ou passer sur cette couleur), 10 000 shows loupés, des voyages d'auto en extra parce que j'avais, par exemple, oublié d'amener la guitare de ma blonde alors que j'allais la reconduire à son cours de guitare, des rendez-vous oubliés et des quadragillions de courriels et de messages téléphoniques à répondre (s'il y a un message de vous dans le tas, patience, je suis presque rendu là, par contre, si vous m'avez envoyé des messages de rappel désagréables, vous allez attendre encore plus et passer en dernier). Sans parler des séquelles sur la santé, parce que j'ai pas dormi plus de 4 heures en ligne depuis des mois. Et comme notre télé est à la réparation depuis 2 mois et que ma copine est en convalescence tardive (de là tous les voyages en auto) : aucun loisir. AUCUN. C'était merveilleux.

En plus, ma grand-mère de 95 ans (personnage du "Moral des troupes") s'est cassée une hanche, ça a été compliqué à l'hôpital et le coeur et les poumons se sont mis à flancher. On est descendu à Québec à la mi-août, certains qu'elle allait mourir, mais elle est pas mal toff, la p'tite, elle est en train de réapprendre à marcher. Elle guérit plus vite que ma copine (!).

Maintenant, les livres de la rentrée sont tous prêts à être imprimés. Ça aussi, ça a pas été de la tarte ces dernières semaines. Il y a plein de changements dans les systèmes de catalogage et les ISBN, ces temps-ci. Beaucoup d'ajustements à faire, de requêtes lentes... pfff ! Ça nous met un peu en retard. Pour une période de transit, vous verrez 7 numéros ISBN sur nos livres. Et c'est le changement le moins lourd ! Petit détail chouette : la marque "mécanique générale" sera désormais seule sur nos couvertures. Pas que la marque "Les 400 coups" m'agaçait, mais ça faisait une ligne un peu longue et monotone à loger dans le graphisme, et nos livres avaient toujours l'air de co-éditions. Ils étaient classés (en librairie, en bibliothèque ou sur internet) tantôt sous MG, tantôt sous 400 coups. Ce sera désormais limpide.

Pendant ces trois semaines, j'ai retrouvé le plaisir euphorique de faire des planches, ce que j'avais complètement oublié. La fierté, le besoin irrépressible de retourner à l'atelier à 3h du matin, après avoir dormi une heure à peine... aaaah ! J'savais pas qu'on pouvait encore se sentir aussi vivant passé 18 ans. J'ai très hâte d'embarquer sur mon prochain livre. J'aimerais même m'attaquer aux travaux de finalisation sur les projets antédiluviens L'automobiliste, Discomobile (roman) et Projet domiciliaire. mais j'ai aussi TRÈS TRÈS envie de faire quelque chose de plus fun. Un polar noir, un peu super-héros, décalé, mystérieux, pas très sérieux, avec des pitounes, des décors ténébreux et des têtes de chapitres en splash pages qui vargent... J'y songe depuis longtemps, mais j'me sens pas mal mûr pour ce genre de changement.

En terminant, ce soir, l'ami Daniel Plaisance (Plan cartésien) a ouvert un blog. Celui de Zviane, de son côté, est toujours aussi merveilleux. Je les mets pas dans la section "liens" parce que pour l'instant, je mets juste du monde qui a publié (ou qui est sur le point de publier) un livre dans la collection.

Bon ben bonne nuit !

Jimmy