lundi, juin 19, 2006

le bout de la langue

Bon, j'écoute du Barry Manilow à tue-tête, aujourd'hui. C'est soit il est vraiment temps de m'enfermer avec une camisole de force, soit je suis vraiment une grosse matante dans l'âme... IIIII don't wanna walk without you...

J'entends parfois dire que la langue (le joual) utilisé dans nos livres serait un obstacle de taille dans la développement du lectorat français. Ça me fait toujours sortir de mes gonds, mais comme c'est un bassin de lecteurs potentiels important, il serait dangereux de négliger cette question. J'ai l'intime conviction que ce n'est pas un problème, tant qu'on ne va pas trop dans les extrêmes. Dernièrement, j'ai lu Aya de Yopougon (tome 1), de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie (Gallimard), qui raconte la vie sentimentale de quelques jeunes ivoiriennes. Très chouette lecture, surtout à cause de la manière dont c'est écrit. Abouet a respecté le parler ivoirien dans ses dialogues au lieu d'aplatir tout ça en français international. Les tournures de phrase sont souvent inusitées, on trouve un nouveau mot ça et là, c'est un français un peu décalé et parfaitement savoureux. J'ai adoré l'effet joyeusement déstabilisant que ça créé. Et franchement, je ne vois pas pourquoi le joual n'aurait pas le même impact auprès des lecteurs Français. C'est pas plus compliqué (et moins jouissif) à lire que du San Antonio. Les lecteurs qu'on perd sont des bornés dont on n'a vraiment pas besoin. Pour moi, cette langue est notre ADN. La museler pour se fondre dans le tas, je trouverais ça dommage. Et même si c'était un obstacle pour le lectorat français, ça serait tragique d'abîmer notre oeuvre en lui enlevant sa spécificité pour si peu. Il faut laisser des traces de cette langue, il y en a trop peu. Non seulement il est de plus en plus clair pour moi que le joual n'est pas un obstacle, mais je dirais même que c'est un sérieux avantage. Il nous distingue dans la production Européenne sursaturée de nouveautés. Les ventes de Magasin général (Loisel-Tripp) là-bas le prouvent déjà assez. Si un livre québécois est excellent, si son auteur a fait ses preuves, s'il est bien distribué et s'il bénificie d'une campagne de promotion efficace sur place, la langue ne sera qu'un plus-value.

Gens de Québec, n'oubliez pas l'évènement de mercredi à la galerie Rouje (voir tetxe précédent). Y seront : les gens du Fanzine Bidon, Christophe Blain, Pascal Girard, Leif Tande, Benoît Joly, Sébastien Trahan, PhlppGrrd, et moi.

À vite,

Jimmy